jeudi 20 mars 2014

Le grand plongeon.


Il y a quelque chose qui m'a toujours fasciné chez les personnes hypersensibles, c'est leur capacité d'observation.
Ils sont de véritables radars à émotion, ou si vous voulez des thermomètres à ambiance.

J'ai beaucoup d’anecdotes concernant mon fils et cette curieuse façon de faire face aux gens qu'il ne connait pas ou à un nouveau lieu.
Je vais déjà vous en raconter une...

Petit comme beaucoup de maman, j'avais l'habitude d'emmener Yann au parc.
Sortie très périlleuse! Cette petite parenthèse en dehors de la maison, était devenu un véritable moment de stress.
Mais que voulez vous sans jardin et petite nouvelle dans le coin, il fallait bien que je sorte, que je rencontre du monde et que mon petit se "sociabilise".
Je voyais alors tous ces enfants gambader, rire et jouer. Merveilleux! il ne pourra que s'amuser.
Me voilà donc avec mon bébé dans ma poussette, les couches, le goûter, prête donc pour une sortie au parc.
J'ai très vite déchanté.
Alors que tous les petits couraient partout, le mien ne bronchait pas. Scotché à moi tel une moule sur son rocher, il ne bougeait pas.
Visage fermé, pas un sourire, ni même un battement de cil (enfin si mais limite), il restait là... les yeux rivés sur le parc et les enfants.
Et moi bien sûr au bout d'un moment, agacée par cette totale immobilité, je le sortais de sa poussette, le trainant il faut bien le dire, de force sur le toboggan ou au milieu des autres enfants.
Le résultat était bien sûr catastrophique, je me retrouvais avec mon fils hurlant, tapant tous les enfants qui voulaient l'approcher.

Pourquoi à ce moment là j'insistais? je ne sais pas... Peur de le voir se comporter différemment sans doute, étrangement inquiète qu'il ne s'amuse pas.
Puis un jour j'ai tout simplement lâché prise "Tant pis ! moi je vais au parc j'ai besoin de sortir, tu restes dans ta poussette si tu veux."
Ce jour là, il est resté montre en main 1h30 sans bouger. Mais je ne disais rien.
Puis il m'a regardé, et tout souriant il est descendu du banc et a commencé à faire le tour du parc.

C'est bien plus tard, qu'un pédo psychiatre m'a expliqué qu'il avait besoin de ce long moment pour "sonder" l'ambiance, observer les jeux, les enfants.
Une fois cette longue analyse faite, il avait adopté son environnement et pouvait l'explorer de plus près... Tout simplement!
Aujourd’hui encore, il lui arrive de le faire très souvent.
A un anniversaire, chez des amis, dans un magasin avec du monde.
Il y a aura ce moment où l'enfant papillon va se mettre en retrait, pour observer ce qui se passe.
IL va s'isoler du groupe et donner l'impression de ne pas s'amuser.
Pourtant ce moment est indispensable pour lui. Sans cela il sera perdu, submergé par les émotions des autres, le bruit (j'en parlerais aussi), les lumières...

J'aime comparer ça à notre façon de tâter l'eau du pied pour vérifier si elle n'est pas trop froide.
Imaginez qu'on ne vous laisse pas la possibilité de le faire. Ce tout petit geste si réconfortant, et que l'on vous pousse directement dans l'eau.
Vous êtes en colère, agressé et pourtant vous saviez que vous alliez devoir y aller.

C'est cela être hypersensible, prendre constamment la température de l'eau.

Grosse colère.



Nous avons tous été un jour ou l'autre confronté en tant que parents à la colère de nos enfants :
"Je hurle, je tape du pied, j'essaye de te morde, je jette mes jouets par terre etc..."
On sait aussi désormais, qu'il y a des phases de rébellions comme la fameuse crise des deux ans, l’adolescence.

Mais en tant que maman d'un hypersensible, rien... absolument rien ne m'avait préparé à ces colères là.
Imaginez un bébé qui ne marche pas encore, se mettre dans un tel état de rage qu'il se tape la tête sur le carrelage en hurlant. Comment essayer de contenir un petit dans ses bras quand il est en colère quand il essaye de vous frapper? Ca peut faire sourire mais je n'avais jamais cru possible que si petit, les enfants pouvaient avoir autant de force.
Oh j'ai tout entendu bien sûr : "il faut détourner son attention!","prends le dans tes bras","écoutes sa colère", "compatis c'est important","essayes d'être en phase avec ses émotions".

Tel un phare au milieu de la tempête j'ai essayé et faire face et bien sûr encore aujourd'hui.
Mais comment faire face à de la rage pure? Une rage qui pousse un tout petit à sortir de son lit à barreaux, tomber sur le nez, saigner du nez et continuer à hurler, taper encore et encore et encore.
Le phare se retrouve alors submergé par les vagues, perdu au milieu d'un véritable tsunami.
Des colères qui pouvaient surgir sans prévenir.
A tel point que mon mari a découvert cette face caché de son fils lorsqu'il avait 18 mois.

Voilà de quoi est capable un être quand les émotions l'envahissent sans barrière, sans contrôle... sans cette petite chose dont semble équipé les gens mais non pas les hypersensibles.
En le regardant grandir oui j'ai commencé à paniquer. Si a deux ans il peut me faire mal ou mal aux autres, si je ne peux pas l'aider à se contrôler? Alors de quoi sera-t-il capable une fois plus grand? quand il dominera les autres de toute sa hauteur et de sa force?

A commencé alors un vrai travail sur les émotions. Un long et laborieux travail.
Gérer, contrôler, apprivoiser ce que l'on ressent... colère, ou joie d'ailleurs (j'en parlerais plus tard mais à l'image des crises de rage, la joie est exprimée elle aussi de manière totalement incontrôlée laissant place juste après a une descente aux enfers)

La grande priorité a été bien entendu d'apprendre à contrôler la violence.
Taper dans un coussin, un mur... rediriger sa rage vers des objets inanimés.
Ne plus faire du mal à l'autre ou à soit même.
Mais en grandissant les gestes ont laissé la place aux mots. Des mots tout aussi durs et terribles parfois qu'une gifle.

Alors on tient bon et on recommence... Petit à petit... pour laisser place à l’apaisement.

Voici un livre connu mais que j'aime bien. A lire sans modération :



mercredi 19 mars 2014

J'suis nul !!!!


L'auto flagellation, est un sport apparemment très pratiqué chez les hypersensibles.
L'estime de soi, voilà un sujet bien compliqué.

"Le j'suis nul" est apparu chez mon coco en CP.
Il devait être présent bien avant mais il est évident que l'arrivée à l'école en primaire a fait exploser son capital confiance.
Notes, évaluations, compétions... voilà le parfait cocktail pour faire rentrer les enfants papillons dans leur cocon.
Le pire c'est que souvent les hypersensibles sont de très bons élèves, soucieux de bien faire, voir perfectionnistes.
Et nous voilà dans un cercle vicieux : "je veux être parfait, si je n'y arrive pas je suis donc nul".

Laissez-moi-vous raconter notre expérience.

Mon fils est rentré au CE1 en septembre.
Il est dans la même école depuis la petite section. Il connait tous les professeurs, il n'y a toujours eu qu'une classe par niveau. L'école est petite et les enfants se connaissent tous.
Confiant il fait ses premières journées avec le sourire.
Puis peu à peu, tout doucement, quelques signes font leurs apparitions : Mal de ventre, exéma, cauchemars.
Pourtant les bonnes notes sont là, à la récréation tout semble bien se passer, et la maitresse est géniale.

Nous avons vu notre fils perdre son sourire, son regard semblait s’éteindre et le matin il fallait se battre pour s’habiller.
Puis un matin mon fils a refusé de me lâcher la main (il y avait dictée ce jour là) et c’est en hurlant qu’il m’a agrippé le bras :
« Je suis nul maman !! Je ne vais pas y arriver ! On va se moquer de moi ! Maman ne me laisse pas s’il te plait ! S’il te plait !! »
Et me voilà à genoux au milieu de l’école essayant de lui parler, mais finissant par hurler puisqu’il n’entendait rien, enfermé dans sa panique et moi entrant dans la mienne.
Finalement il est parti en classe. Et moi je suis repartie en pleurant.
Le soir je le récupère de nouveau en pleurs et sa maitresse avec un petit ton de reproche : « il faut que je vous parle madame. Yann a pleuré parce qu’il a eu…19/20 en grammaire… et pas 20… Il a été inconsolable.»
Que voulez vous répondre à ça. A juste titre sa maitresse pensait que nous étions des parents ultra exigeants, punissant et grondant notre fils s’il ne rapportait pas que des 20/20.

Le lendemain nous voilà donc mon mari, mon fils et moi-même devant la maitresse.
Et là je découvre une maitresse à l’écoute, laissant l’enfant s’exprimer librement, et attentive.
Soulagée sans doute par le fait que nous n’étions pas des bourreaux et que n’entretenions pas l’esprit ultra compétitif de notre fils… elle a commencé à voir son petit élève tel qu’il est.
Avec douceur elle lui a redonné confiance en lui et nous sommes sortis de cette réunion soulagés. (je résume la réunion a durée plus d’1h)
Le  lendemain nous avions retrouvé notre petit garçon tout joyeux et content d’aller à l’école.

Bien sûr… le miracle ne dura qu’un temps.
Et depuis nous sommes comme embarqués dans une montagne russe, ne sachant jamais dans quel état nous allons le récupérer à la sortie de l’école.
Il peut passer de l’hystérie générale parce qu’ils ont fait de la musique en temps libre, à l’effondrement le plus total parce qu’un enfant lui a fait une réflexion désagréable sur son dessin.

Parce que la route est encore très longue, c’est au jour le jour que nous essayons de l’aider.

Le sujet de l’école étant très très vaste je m’arrêterais là pour aujourd’hui.

Pour en parler avec votre enfant je vous conseille déjà cette jolie collection : « Max et Lili »
Une série très bien faite abordant de nombreux sujets de tous les jours touchant les enfants, du plus léger au plus grave.
Cela se présente sous forme de BD facile à lire. A la fin des petites questions ouvrent le débat permettant ainsi de parler plus librement.

lundi 17 mars 2014

Le vie est un long fleuve tranquille...


... ou pas...


Bon bon j’avoue je ne sais pas vraiment par quel bout commencer ce blog.

Déjà ce blog si il a un intérêt informatif vous le devinerez très vite, il a aussi pour but de me servir d’exutoire, que cela soit pour rire ou juste pour partager des journées compliquées.

Parce qu’être parent d’un enfant hypersensible peut être, usant, déroutant, dur, mais aussi très drôle, surprenant et plein de surprises.

Que voulez vous, c’est cela être maman ou papa d’un enfant papillon.
 Aujourd’hui votre enfant semble être en état de grâce, tout semble lui sourire, il hurle de rire (oui a gorge bien déployée !) à la moindre remarque (vous êtes décidemment très drôle), il  vous couvre de « je t’aime », vous êtes la mère parfaite, une déesse, vous êtes tellement beeeelleeee !
La soupe est délicieuse ! va falloir vous inscrire à TOP Chef !
Dehors les oiseaux chantent ! piou ! piou !
L’école « c’est trop bien ! », les copains sont ses amis pour toute la vie la vie (oui deux fois)…

Puis… sans prévenir (ou presque maintenant que vous réalisez que votre enfant est hypersensible, votre radar va commencer à repérer ces fameux « mais pourquoi !? » qui vous échappais jusqu’à présent !on s’emballe pas non plus hein… ça ne marche pas toujours)

BAM ! Dans la seconde… Oui oui ! Le temps de cligner des yeux… « clic » (quelle idée étrange aussi !! mais pourquoi vous avez bougé ?)
Vous voilà devenu l’ennemi publique numéro1.
Le parent à abattre (d’ailleurs… vous n’auriez pas un peu grossi dans la seconde là ? si si ! regardez bien !!)
Votre soupe est juste infecte, vous vouliez l’empoisonner ou quoi ?
Mais  c’est quoi ce bruit ? On se tait les mouettes !!!
Ses amis ? Quels amis ? il n’a pas d’amis voyons, il est seul au monde !
L’école c’est nul !!! D’ailleurs il vous dira qu’il est nul !! Qu’il n’est pas digne de respirer le même air que vous. Que sa dernière bonne note était sans doute du a un heureux accident.
Le monde serait tellement plus beau sans lui ! (à ce moment là l’oscar du meilleur acteur dramatique n’est plus très loin)

Et voilà votre petit ange emporté en plein drame shakespearien.
Entre crise d’adolescence et crise des deux ans… Crise que vous semblez finalement vivre depuis… attendez… ben toujours finalement ?

Bienvenue donc dans le monde des hypersensibles ! 

Présentation 1



J’ai mis du temps à me décider.
Mais voilà, je me lance.
Voici un blog consacré aux enfants hypersensibles.

Pourquoi ?
Tout simplement parce que j’ai beaucoup cherché et il est malheureusement évident que ce sujet est peu connu alors qu’il touche beaucoup d’entre nous.
J’espère que ce blog pourra aider quelques parents comme j’aurais aimé que l’on m’aide.

Mais qu’est ce que l’hypersensibilité ?
N’étant pas quelqu’un de très douée pour  les grandes explications, je vous encourage à faire quelques recherches sur internet, et pourquoi pas à lire ces deux pages :

http://sante.lefigaro.fr/actualite/2010/04/18/10179-force-hypersensibles?position=2&keyword=hypersensibilite

http://www.docteurmaman.com/maladies/36-maladiesinfantiles/94-hypersensibilite

Déjà je vous rassure, cela n’est pas une maladie psychologique (même si à mon grand effarement il n’était pas rare d’enfermer des hypersensibles dans des hôpitaux psychiatriques !)
S’il y a de gros inconvénients à l’hypersensibilité, il y a bien heureusement des avantages !

Mais pour résumer un peu tout ce que vous allez lire sur ce sujet voici déjà une première piste.


La psychologue Elaine Aron elle-même hypersensible a créée un petit questionnaire rapide :
Etes-vous hypersensible?

Répondez sincèrement à chaque question. Répondez par l'affirmative si cela s'applique dans une certaine mesure à vous. Répondez par la négative si cela ne s'applique pas vraiment ou pas du tout à vous.
  1. Je suis conscient des subtils nuances de mon environnement.
  2. L'humeur des autres me touche.
  3. Je suis très sensible à la douleur.
  4. J'ai besoin de me retirer pendant les journées frénétiques, soit au lit, soit dans une chambre obscurcie, soit dans tout endroit où je suis susceptible d'être tranquille et libéré de toute stimulation.
  5. Je suis particulièrement sensible aux effets de la caféine.
  6. Je suis facilement terrassé par les lumières violentes, les odeurs fortes, les tissus grossiers ou les sirènes proches.
  7. J'ai une vie intérieure riche et complexe.
  8. Le bruit me dérange.
  9. Les arts et la musique suscitent en moi une émotion profonde.
  10. Je suis une personne consciencieuse.
  11. Je sursaute facilement.
  12. Je m'énerve lorsque j'ai beaucoup à faire en peu de temps.
  13. Lorsque les autres se sentent mal à l'aise dans leur environnement matériel, je sens en général ce que je dois faire pour les soulager (changer l'éclairage, proposer d'autres sièges).
  14. Je perds les pédales lorsqu'on essaie de me faire faire trop de choses à la fois.
  15. J'essaie vraiment d'éviter de commettre des erreurs ou des oublis.
  16. Je fais en sorte d'éviter les films et les émissions qui contiennent des scènes de violence.
  17. Je m'énerve lorsque beaucoup de choses se passent autour de moi.
  18. La faim provoque en moi une forte réaction, perturbe ma concentration et mon humeur.
  19. Les changements qui se produisent dans ma vie m'ébranlent.
  20. Je remarque et j'apprécie les parfums et les goûts délicats, les bruits doux, les subtiles oeuvres d'art.
  21. Je fais mon possible pour éviter les situations inquiétantes ou perturbatrices.
  22. Lorsque je dois rivaliser avec d'autres ou lorsqu'on m'observe pendant que je travaille, je perds mon sang-froid et j'obtiens un résultat bien pire que lorsqu'on me laisse tranquille.
  23. Lorsque j'étais enfant, mes parents ou mes enseignants semblaient me considérer comme sensible ou timide.

Il existe donc quelques sites (et très peu de livres) pour vous guider, mais presque rien sur les enfants.
Voici donc…

Le blog des enfants papillons, ces enfants qui pour le moment sont encore de petites chenilles mais deviendront avec de l’aide et de la patience de beaux papillons !